Ce n’est pas son vrai prénom et ce n’était pas ma tante non plus, mais quelle richesse, quelle personnalité, pas du tout une tante gâteau qui vous passe tout bien au contraire mais la générosité même, un immense amour des gens, de la beauté, du travail abouti, fini, soigné, les petits objets amoureusement faits, l’Italie dans tous ses états y compris celui du Vatican !
Une femme d’affaires, pratique, réfléchie, curieuse des techniques, du bel artisanat, un grand sens du respect, du soin, du « care » … ses plantes, ses soirées la table mise avec chaque fois des surprises, une mise en scène des couleurs, des objets, la joie des évocations, jamais rabâchées, toujours vives. Artisan du chocolat, quelqu’un l’avait surnommée ma petite chocolatière. Un beau courage, devant la maladie, les coups durs. Son savoir-faire, elle ne reculait jamais devant un effort, comprendre, analyser, s’adapter à un matériau et aux goûts de la clientèle. Car c’est un sacré métier que de fabriquer et de vendre ! Il faut être modeste, mais sûr de soi, de la qualité de ses produits, contrôler tout, les dates, la composition, l’emballage. C’est un art, qui comprend aussi le souci des bonnes relations, de la confiance. Elle avait des clients de la haute société, la « jet » et elle savait aussi être à l’écoute des plus modestes, bref, douée et énergique, gaie mais des fois cafardeuse. Son recours, la foi, bonne catholique, soutenue par cet amour qu’elle portait-recevait. Un grand salut, ma chère M ♥
- Grande lectrice de Montaigne, elle racontait qu’avec son père ils avaient tellement feuilleté, lu, relu, discuté Les Essais qu’ils avaient dû reprendre de nouveaux exemplaires … Tiens, comme un certain Jean M avec sa grammaire de l’hébreu biblique, usée jusqu’au moindre feuillet et remplacée un jour. Mais le vêtement ou le livre neuf n’est jamais aussi satisfaisant que le bon vieux, usé, manipulé, tous les repères qu’il vos offre, vieille complicité …
- Montaigne mais aussi l’Italie, de longs séjours à sillonner, rechercher, découvrir, les mosaïques, fresques, baptistères … Et de chaque voyage elle rapportait des trésors à distribuer, j’ai encore un joli petit calendrier Gatti di Roma 1997. Je tourne les pages des mois, chacun a sa photo de chats, et Yoga per gatti … je ne lui ai pas connu de chat mais elle avait dû en avoir.
Ses parents, une éducation orientée curiosité liberté indépendance, elle avait un frère, mort bien jeune, des neveux qu’elle chérissait.
Que de bons moments … et autour d’elle, que d’amis, une belle ferveur.