Il aurait cent ans cette année.
Jean Malrieu
La vallée des rois
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Les chats, nos compagnons.
Ils nous jugeaient.
Ils nous faisaient l’aumône.
Les ronces s’enroulaient.
Les murs nous encerclaient.
Les rocs et le ciel aux aguets.
Même la lampe était hostile.
Dans sa clarté renversée.
C’était là.
J’aimais comme si je mordais.
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Je n’avais jamais entendu parler de Jean Malrieu et le découvrir a été un de ces chocs, précieux et rares, des moments dont on se souvient, évènements ou avènement, ouverture d’un monde. C’était probablement au lendemain de sa mort, en 1976.
A l’époque j’avais la chance de fréquenter un séminaire de révolutionnaires passionnés, révolution et passion pour des mots, pour la poésie, l’expression orale, le Cercle Polivanov. Il y avait Jacques Roubaud, Pierre Lusson, Léon Robel. Ils se réunissaient tous les quinze jours aux Langues O, rue de Lille et c’était pour moi une véritable fête de la curiosité, de l’ouverture, enfin des gens désintéressés, ce qui manquait tant dans la vie quotidienne. A chaque r »union un ou plusieurs invités, toujours intéressants mais des fois le choc, l’admiration muette, Vitez ! Encore plus que Jean Malrieu, Vitez en personne avant sa gloire, il n’était que Professeur au Conservatoire, pas encore de théâtre et c’est venu très vite, le mythe. Je me souviens de sa défense de l’alexandrin, il prononçait les e muets, un enchantement. Cette rigueur, sa diction, sa voix, lui !
Mais je reviens à Jean Malrieu et, en cherchant un peu je découvre ses dates, un résumé de sa vie. J’apprends qu’il a fondé Action poétique en 1951, avec Gérald Neveu. Je cherche dans un petit volume Jean Malrieu édité par Pierre Jean Oswald (PJO Poche) et je ne retrouve pas ce qui avait provoqué ce choc. Mais voilà des liens plus roches :
http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/malrieu.html
http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/09/jean-malrieu-le-temps-du-d%C3%A9sir.html
http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/09/jean-malrieu-le-temps-du-d%C3%A9sir.html
http://temporel.fr/Jean-Malrieu-par-Yvon-Le-Men
et là … oui. Sur le site d’Yvon le Men un passage d’une lettre de Jean Malrieu …
Ne serait-ce qu’une fois, si tu parlas de liberté,
Tes lèvres, pour l’avoir connue, en ont gardé le goût du sel,
Je t’en prie,
Par tous les mots qui ont approché l’espoir et qui tressaillent,
Sois celui qui marche sur la mer.
Donne-nous l’orage de demain.
Les hommes meurent sans connaître la joie.
Les pierres au gré des routes attendent la lévitation.
Si le bonheur n’est pas au monde nous partirons à sa rencontre.
Nous avons pour l’apprivoiser les merveilleux manteaux de l’incendie.
Si ta vie s’endort,
risque-la.